21 juil. 2014

Mickaéline et ses livres

Avant toute chose je tiens à remercier vivement les éditions Denoël qui m'ont permis de découvrir cet excellent ouvrage. Mon premier vrai coup de cœur de l'année.

J'ai choisi ce livre dans la liste proposée, et bien oui, une fois encore pour sa couverture. Que voulez-vous on ne se refait pas.


Donc vous l'aurez compris, j'aime cette couverture, tout d'abord parce que cette jupette qui s'envole me fait penser à l'enfance, aux petites filles qui s'amusent à tourner, et tourner afin de faire tournoyer leur jupette. Mais là le contraste saisissant du corps sinon adulte presque pubère, nous donne à penser que ce roman ne sera sans doute pas aussi gai, qu'il y parait.

Maria est une petite fille de 10 ans qui décide de vivre dans la rue, elle s'est enfuie de chez elle pour échapper à son père. Petite, sans défense, orpheline de mère, arrachée par la vie à son frère, elle va rencontrer Betinho, un jeune garçon débrouillard, et également sans abri. Lui, le jour de leur rencontre, il essais de se cacher d'une bande rivale, afin de rester en vie. Un peu plus âgé, il va la prendre sous son aile et la protéger, comme il peut. Ces deux écorchés vifs n'ont pas fini d'en voir. Mais rien, ni personne n'arrivera vraiment à les séparer. C'est une formidable histoire d'amitié et d'amour que nous livre ici Alejandro Reyes


Avec des mots crus et simples Bethino nous conte leurs histoires à Maria Aparecida et lui, enfin surtout celle de son amie. Pour ce faire l'auteur utilise un style familier, voir très familier. Renforçant ainsi les sentiments qu'il souhaite nous transmettre, comme un marionnettiste tire les ficelles de ses marionnettes. Il nous fait passer du rire aux larmes, du dégoût à l'espoir. Sous sa plume Bethino n'hésite pas à prendre a partit le lecteur. Comme si nous avions le droit de ressentir, mais en aucun cas celui de juger. C'est comme ça, point. Si eux acceptent cette vérité, pourquoi, des blancs, comme les touristes du sexe auraient le droit de les juger. Puisqu'ils sont les premiers à provoquer ce commerce.

Au commencement de la narration, Bethino et Maria Aparecida sont adultes, mais notre conteur nous fait revivre leur histoire depuis leur rencontre, sauf pour Maria, il revient bien au delà, car c'est son histoire à elle qu'il veut mettre en avant. Elle est sa petite reine, son rayon de soleil. La seule femme qui aura su gagner le cœur de ce jeune gay.


Comme de nombreux enfants et adultes de ce Brésil des bas-fonds, bien loin de celui de la coupe du monde. Bethino est un jeune garçon qui survit, grâce à de menus larcins, homosexuel il n'hésite pas non plus à vendre son corps au plus offrant. Il se livre peu dans ce récit, on sait ou du moins, on devine que comme son amie, il a été abusé très jeune par son père, et, que pour le fuir, il vit dans la rue. Où finalement, il fait ce que les adultes lui ont appris de mieux. En admiration des transsexuels, il en devient vite leur ami, d'ailleurs qui n'aimerait pas Bethino, moi-même il m'a touché plus d'une fois. Choqué parfois, amusée souvent. Et puis l'inévitable survient, Béthino se fait avoir, le petit rusé a trouvé plus fort que lui. Alors qu'il croyait avoir enfin trouvé le grand amour, la vie, lui a rappelé amèrement que tout à un prix, et que rien n'est jamais acquis pour ces laissés-pour-compte. Sa seule consolation être enfin devenu celui qu'il voulait, ou presque, un travesti. Il ignorait alors que son plus grand rêve, deviendrait son pire cauchemar.


Maria Aparecida, c'est la joie de vivre incarnée, tout le monde est en admiration devant cette enfant puis cette femme à la beauté surprenante. Née d'une mère prêtresse et d'un père pécheur, sa vie aurait été bien différente si sa mère n'était parti bien trop vite. Toujours dévouée pour ses proches, elle est injustement accusée de tout leurs maux. Elle ne rêve que d'une chose s'en sortir. Mais là encore la vie ne la laissera pas faire. Chaque fois qu'elle est sur le point d'y arriver, un grain de sable, fait dérailler la machine. Attachante, rebelle, parfois égoïste, elle reste malgré tout dévouée à sa famille et à ses amies.



En conclusion :


Si la petite reine de Bahia n'est pas une histoire vraie à proprement parler, elle est cependant basée sur des faits réels. Une magnifique histoire d'amitié, d'amour, où ces mots prennent tout leur sens dans le chaos, que vivent tous ces oubliés de la vie. Dont le quotidien est fait de prostitution, de viol et violence en tout genre. Où il est plus facile de tomber dans la drogue, que de survivre, on ne peut qu'admirer leur courage. Et prendre la leçon d'humilité qu'ils nous donnent.
Mon seul regret que le roman se termine par une fin ouverte, car j'aurai bien aimé voir écrit noir sur blanc, que Bethino et Maria Aparecida, ont enfin trouvé une vie calme et reposante. Mais comme l'auteur, nous en laisse le choix, c'est ce que je souhaite à ces personnages.



Morceaux choisis :



Dieu s'est un peu emmêlé les pinceaux, il n'a pas tout mis à la bonne place. Moi, franchement, j'aimerais savoir pourquoi Dieu a inventé le sexe. Voilà un truc qui n'a jamais marché, juste bon à créer des problèmes, depuis la Création jusqu'à nos jours. Si j'étais lui, jamais j'aurais inventé une connerie pareille. Imagine comme le monde serait bonard sans le sexe : plus de viols, d'embrouilles, de guerres, d'amours déplacées... Tout le monde serait peinard. Mais non il a fallu qu'il conçoive ça pour nous faire chier, sans compter qu'il se goure au moment du montage et qu'il ne met pas les pièces au bon endroit, je te dis pas le bordel. On en vient à croire qu'il se paie notre tête.


Je lui ai appris à construire un abri où on pouvait tenir à deux en joignant plusieurs cartons. Quand on s'est enfin installés dans notre nouvelle maison et qu'on en a refermé "l'entrée" avec un carton, elle a posé sa tête sur mon épaule comme elle faisait d'habitude. Elle était émue : triste, joyeuse, troublée, ne sachant que faire avec cette envie de pleurer qui lui serrait la gorge.
- On ne se séparera jamais, pas vrai, Betinho ?
- Jamais, ma reine. Jamais.


  j'ai jamais compris la logique de femme, ça vous entortille le cerveau, ça part dans tous les sens et y a pas moyen de discuter.


Maria Aparecida est arrivée en compote, mais elle a adoré l'endroit. Toi, là, assis, ou assise, dans ton fauteuil, le livre à la main, en train de fumer un cigare - Je ne sais pas pourquoi diable je t'imagine en train de fumer un cigare -, tu ne peux pas comprendre comment on peut adorer un trou de rat pareil. Et c'est bien dommage, parce que ça veut dire que jamais de ta vie tu ne pourras ressentir la joie de Maria Aparecida.

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