Le roman dont je vais vous parler aujourd’hui n’est certainement pas à mettre entre toutes les mains. Gagné grâce au dernier Masse Critique de Babelio, je n’en avais jamais entendu parler jusque-là. La Petite Reine de Bahia
nous fait découvrir le côté sombre de ce Brésil qui a pourtant tenté de
se montrer sous un meilleur jour au cours de ces dernières semaines.
Plusieurs fois, j’ai failli refermer ce roman tellement les images qui me venaient étaient glaçantes, terrifiantes. Et cela d’autant plus que l’intrigue est basée sur une histoire vraie,
inspirée par les enfants que l’auteur a eu l’occasion de rencontrer
lorsqu’il était éducateur de rue, au Brésil. Sachant cela, difficile de
mettre une distance dans cette lecture. Les situations vécues par ces
enfants prennent une toute autre dimension. La violence est présente tout au long du roman,
rendue plus crue encore par le côté désabusé du narrateur lorsqu’il en
parle. Ce qui choque, au-delà de la monstruosité des actes qui sont
souvent commis, c’est l’apparente désinvolture avec
laquelle le narrateur la décrit. C’est « normal » que les enfants se
fassent régulièrement violés par les adultes censés s’occuper d’eux,
qu’on leur propose de se prostituer pour vivre, qu’on les batte
lorsqu’ils ne font pas ce qui leur est demandé, … Difficile à intégrer
pour l’Européenne bien lotie que je suis.
Mais derrière cette dénonciation de la
misère dans laquelle vivent ces enfants des rues, l’auteur nous propose
également un roman dans lequel l’amour et l’espérance aident les personnages à supporter leur vie. Il nous offre également une leçon de tolérance
envers les milieux stigmatisés qui sont décrits tout au long de ces
pages : les prostituées, les sans-abris, les homosexuels ou encore les
travestis. Tous souffrent de leur situation mais tentent coûte que coûte
de préserver leur estime d’eux-mêmes car ce qui les tuent, ce n’est pas
la violence mais l’humiliation et le manque de respect dont font preuve
leurs clients ou leurs « patrons ».
Le roman est écrit à la première personne du singulier, d’après le point de vue de Betinho,
devenu adulte, qui revient sur les années vécues avec Maria Aparecida.
Les mots qu’il utilise sont assez crus et son style direct, ce qui vient
rajouter encore un peu plus de vulgarité à certaines situations. C’est
pourquoi je pense que ce roman ne doit pas être proposé à de trop jeunes lecteurs bien que le style et l’intrigue ne soient pas trop compliqués.
Et dans tout cela, un détail m’a interloquée, l’utilisation faite du mot « vagalam »
au lieu de vague à l’âme. Est-ce un jeu de mot de l’auteur transformé
en français par la traductrice ou est-ce une invention de cette dernière
?! Au début, j’ai cru à une simple « faute » mais le mot revient à de
nombreuses reprises dans le roman, comme un leitmotiv.
Je ne sais pas si je vous conseillerais ce roman. Je ne peux même pas dire s’il m’a plu.
Je pense qu’il est utile, voire nécessaire pour éveiller une certaine
prise de conscience chez les lecteurs mais sa lecture m’a tellement
coûté que je ne peux pas dire que je l’ai aimé. Je remercie néanmoins
les Editions Denoël pour
cette découverte même si, contrairement à ce que pouvait laisser penser
la couverture, elle n’a pas fait entrer le soleil et la gaieté dans mon
salon !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire