La petite reine de Bahia retrace
l'histoire de Maria Aparecida, un nom assez long, pour une fille si
jeune et fragile. Après la mort de sa mère, elle déménage à Bahia avec
son père et son petit frère. Son père n'ayant jamais accepté la mort de
sa femme et rendant sa fille responsable, devient alcoolique et violent.
La jeune fille, après avoir perdu son petit frère dans les rues de
Bahia, décide de s'enfuir et de ne plus revenir. C'est comme cela
qu'elle fait la connaissance de Betinho, un jeune garçon homosexuel, qui
l'a prend sous son aile et l'emmène dans son "paradis", un ancien
cinéma désafecté où il vit avec sa bande de copains. Ce cinéma désafecté
est en quelque sorte la propriété d'un capitaine de police, appelé
"Capitaine Gay", qui leur permet de vivre ici en échange de relations
sexuelles. Il exige que Maria Aparecida se prostitue si elle souhaite
rester vivre avec eux, ce que Betinho refuse. Il s'enfuit tous les deux
pour ne plus revenir. Malgré la dureté de la vie, ils vont parfois être
amené à se séparer mais se retrouveront toujours à un moment donné.
C'est leur histoire que Alejandro Reyes nous raconte.
Le narrateur de l'histoire est Betinho.
Je ne m'y attendais pas. Rien ne le laissait présumé sur la quatrième de
couverture, mais j'ai trouvé que c'était une bonne surprise. Ce jeune
garçon est complétement paumé. On sent qu'il se cherche et que la vie ne
lui fait pas de cadeaux. J'ai trouvé cela vraiment intéressant d'avoir
son point de vue et de découvrir ce qu'il pense de Maria Aparecida. Son
jugement évolue mais il reste toujours positif à son égard même
lorsqu'elle dépasse les bornes. Grâce à cette narration originale,
l'histoire se lit relativement vite. On a hâte de savoir ce qui va se
passer et si ils vont enfin avoir le droit au bonheur.
J'ai également beaucoup apprécié avoir
un regard aussi réaliste de la vie à Bahia. La pauvreté, la drogue, la
prostitution et la violence font partie du quotidien des habitants de
Bahia. Certains passages sont assez durs et difficiles à lire, par
exemple, le passage de la maison close ou autre. Les jeunes adolescents
sont pris pour de la marchandise. Je me suis souvent fait la réflexion
qu'un bon nombre d'entre eux n'était pas considéré comme des humains et
je trouve cela vraiment affreux. Ils sont livrés à eux mêmes. Maria
Aparecida en est l'exemple même. La mort de sa mère a déchiré sa famille
: son père est devenu un homme atroce, la pauvreté a été difficile à
supporter. Lorsque son petit frère s'est perdu, elle n'a plus eu de
famille à qui se raccrocher. Un seul mot d'ordre : survivre.
La petite reine de Bahia est un livre
émouvant, parfois difficile, mais reste néanmoins un livre où la réalité
est dévoilée entièrement. Je vous recommande vivement ce livre qui
permet de se rendre compte de la misère dans laquelle les habitants de
Bahia vivent.
La petite reine de Bahia,
de Alejandro Reyes,
éditions Denoel,
Sybille