22 sept. 2014

Notes Vagabondes: L'art de transformer la réalité en conte de fées

 
21 septembre 2014 par Julie Curien

La petite reine de Bahia, ou l’art de transformer la réalité en conte de fées, un roman terriblement dur et profondément tendre. L’auteur, Alejandro Reyes, né à Mexico, exerce le métier de journaliste et écrivain ; il a vécu au Brésil, où il a aussi été travailleur social auprès des enfants des rues. Ici, il nous raconte l’histoire de jeunes vagabonds dans la ville de Bahia, en se fondant sur le moment d’une rencontre, celle du narrateur, Betinho, avec une nouvelle, Maria Aparecida, belle comme un cœur, toute apeurée, qu’il prend sous sa protection. 

Ils vivent de débrouilles, de menus larcins, sans jurer allégeance à une quelconque bande. Ce sont des bambins meurtris par une histoire familiale propre, mais malheureusement si similaire d’un cas à l’autre qu’elle en devient commune. Ce sont des gamins au grand cœur, dont la ressource première demeure l’énergie, la colère et l’envie de vivre. Ce sont des marmots marginaux, Betinho l’homo exploité qui se fera travesti(e) brillant sur les planches, et Maria Aparecida, avec ses croyances, bientôt ses activités de prostituée, ses crises encore… et leurs rêves d’adolescents. Des mômes abusés mais jamais longtemps désabusés, héros d’un récit qui se clôt telle la fin, moderne, d’un conte de fées : l’ouverture vers l’avenir, optimiste, sans doute un brin fantasmé, de ces deux êtres soudés.

Une lecture que je vous recommande vivement : à découvrir en français chez Denoël, traduit de l’espagnol par Alexandra Carrasco en 2014 [titre original : La Reina del Cine Roma, paru en 2013].

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire